Le pari de la tech a 400 ans

La tech a 400 ans, ce 19 juin 2023. L’IA reste un vertigineux pari: Blaise, viens nous aider à lui donner un sens …

L’IA n’est qu’un réseau le plus infime de l’univers, mais c’est un réseau pensant

L’homme n’est qu’un roseau le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant -  Pensées fr. L200

Hommage à Pascal, né il y a très exactement 4 siècles le 19 juin 1623, et sans nul doute le prophète de la tech. Hommage un peu fourbe, je le confesse: quelle témérité que de confier à l’IA toute l’épaisseur ontologique de la pensée humaine ? Mais Pascal, maître de la rhétorique, sut mieux que quiconque qu’il faut - que l’on soit mathématicien, entrepreneur ou penseur - avant tout remporter la bataille de l’influence. En frappant l’imagination:

"… cette maîtresse d’erreur et de fausseté, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours, car elle serait règle infaillible de vérité si elle l’était infaillible du mensonge" -  Pensées fr. L136

L’intelligence artificielle (générative), voilà un oxymore redoutable: un artefact intelligent (et même créateur) ?… Digne hommage au maître de l’oxymore. Grandeur-misère. Pari-éternité. Raison-cœur. Machine-esprit etc.  Mais il y a plus d’un trait pascalien dans l’IA.

Il n’a inventé rien moins que la décision probabiliste et l’algorithme itératif: deux clés absolues du machine learning. La règle des partis, celle du gain espéré pour évaluer les mises de manière récurrente: c’est à peu près comme chatGPT prédisant la meilleure réponse à votre question. Aboutissant à l’efficacité stupéfiante du probable. Pascal a aussi inventé l’ordinateur, la Pascaline, machine mentale dont il vantait les pouvoirs confiés même aux sots.

Chose moins connue, introuvable sur chatGPT d’ailleurs, mais connue en ce blog: l’orfèvre de l’âme en quête de sens, le concepteur de la Machine arithmétique, des probabilités et de l’algorithme récursif fut également un entrepreneur en série. Du flop commercial de la Pascaline au carton des Carrosses à Cinq Sols, première plateforme de l’histoire. Aussi entrepreneur que l’aventure de l’IA l’est aujourd’hui, qui remet en question tant de rentes.

Rien de fortuit. C’est tout l’homme embarqué dans la rhétorique du pari: Pascal parie comme mathématicien, rationalisant les paris d’argent. Comme scientifique, en défiant toutes les autorités de l’époque avec des concepts en rupture. Comme penseur, pour conjurer l’indifférence des fins dernières. Et comme entrepreneur culotté, en investissant toute sa fortune dans les Carrosses alors même qu’il se meurt.

Honneur à Blaise Pascal: continuons à parier aujourd’hui … également en poursuivant l’aventure entrepreneuriale et technologique. 

Non sans être lucide sur les limites de la raison humaine, qui ne saurait connaître l’infini désir de son cœur; sur les pièges de l’imagination car "combien toutes les richesses de la terre insuffisantes sans son consentement"; ou sur l’empire du divertissement, "le lièvre qu’on court, on n’en voudrait pas s’il était offert". 

Parions donc de manière sensée, en entreprenant pour venir en aide aux peines contemporaines "ce qui devrait être la raison de la vraie physique" (Logique de Port-Royal)

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