De l’école française des mathématiques

Ou comment Blaise réagirait à un débat chez ses lointains successeurs, entrepreneurs, ingénieurs et mathématiciens contemplant la grandeur et misère de la discipline en son pays, quatre siècles plus tard.

Cher blog pascalien et entrepreneurial,

Difficile de résister à faire réagir Blaise Pascal au numéro spécial polytechnicien sur les maths, la technologie, l'école française etc. qui apparaît en son quadricentenaire ... mais pourtant ne semble pas avoir été cité : ... un trou à rattraper, chère La Jaune et la Rouge ? (ce blog pourra contribuer ;-) )

L'avocat de l'esprit de géométrie vs. l'esprit de finesse n'aurait-il pas malicieusement souri aux heurs & malheurs de la rationalité mathématique contemporaine, si brillamment décrits par Olivier Rey ? Prise entre son ambition (infinie ?) d'expliquer le monde ... et la vulnérabilité de ses fondements: grandeur et misère post-Gödel ...

Mathématiques reines en ces temps technologiques et algorithmiques ? ... mais leur succès est en trompe-l'oeil (!) car si la technologie justifie plus ou moins consciemment la discipline (cf. Simone Weil), la paresse techno-intellectuelle la piège tragiquement (cf. Jacques Ellul) car l'IA est "désormais tellement efficace qu'il est inutile et d'ailleurs désormais impossible de chercher à la comprendre".

Diantre, les maths seraient-elles donc mortes ?... Mais dans ce cas, quel rempart resterait-il, cf. Olivier Rey, au déluge du narcissisme, à l’illusion de la toute-puissance et à la disparition spirituelle ... Blaise, reviens ! Heureusement Stéphane Mallat (mathématicien, ingénieur et entrepreneur tout comme Blaise ...) nous rappelle dans son article l’ambition de comprendre les réseaux de neurones malgré le gigantesque défi du fléau de la dimension. Qui mobilise une recherche mathématico-physico-chimique qui n’aurait pas déplu à l’inventeur de la pression atmosphérique au vif-argent ?

Irrésistible répartie pascalienne à mon camarade Benoit BAZIN, PDG de St-Gobain : si l’on se réjouit immensément qu’un fleuron mondial de l’industrie des matériaux fasse l’apologie à son plus haut niveau du besoin mathématique entrepreneurial, on imagine Blaise sursauter sur deux références de l’article :

- Non à “Rousseau [qui] disait dans le Contrat social qu’il faut parfois forcer les citoyens à être libre” !!! S’il faut sans aucun doute se battre pour le maintien de l’enseignement des mathématiques, refusons la sinistre tentation de ces temps algorithmiques qui rend le fait de vouloir le bien des autres (ou la vérité ?) à leur place non plus tout à fait illusoire, mais déjà partiellement industrialisé …

- Non à Condorcet: certainement ne pas “Substituer le raisonnement à l’éloquence”! A dessein, Blaise mis autant de rhétorique dans ses oeuvres mathématiques que littéraires ou entrepreneuriales, … car ne s’agit-il de parler au coeur d’abord (cf. l’Art de Persuader) pour durablement motiver les talents à cette discipline mais également faire oeuvre de pédagogie mathématique stimulante auprès de tous ?

L'esprit mathématique mérite toute sa place dans la tech… Non sans faire preuve de finesse, éloquence et lucidité, à l'image de Pascal mathématicien & entrepreneur… pour précisément ne pas subir paresseusement une raison technologique envahissante, mais en (re)prendre le contrôle.

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pour aller plus loin, cf. numéro de la Jaune et la Rouge

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